La voyance formerait-elle la jeunesse ?

Des études récentes l’ont montré : la voyance, l’astrologie, et d’une manière générale, l’ensemble des arts divinatoires, intéressent de plus en plus les nouvelles générations.

S’inscrivant dans la continuité des tendances new age, de bien-être et développement personnel mâtinés de préceptes bouddhistes, bien connues depuis les années 90, ce nouveau courant qui modernise la voyance interroge. Mais en fin de compte, n’est-il pas parfaitement naturel ?

La voyance a toujours été présente

VoyanceOn attribue souvent la divination, et tout ce qui se rapporte de près ou de loin à l’ésotérisme et au mysticisme (def : Croyance, doctrine philosophique faisant une part essentielle au sentiment, à l’intuition.), à des pratiques anciennes, aux Pythies grecques, aux devins celtiques, à Cassandre, aux gourous hindous, etc.

Ces pratiques s’accompagnent et s’accompagnaient le plus souvent de rituels complexes, aussi rigoureux et précis qu’une ordination de prêtre.

Avec la Révolution industrielle et le délitement progressif, non seulement des institutions religieuses, mais aussi de toutes les croyances et fables populaires, on aurait pu croire que la voyance s’effacerait elle aussi. Et pourtant, par une troublante étrangeté, alors même que la technologie dans ce qu’elle a de plus concret imprègne la moindre strate de notre quotidien, la voyance voit de nouveau sa popularité s’envoler. Comment l’expliquer ?

Le courant spirite d’Allan Kardec : la voyance au plus fort

Dans la 2nd moitié du XIXe siècle, Allan Kardec, voyant médium et spirite, fut à l’origine d’un grand courant philosophique et spiritualiste visant à expliquer rationnellement et à prouver scientifiquement l’existence réelle de la voyance et de la médiumnité ; à comprendre le fonctionnement de l’âme et de l’esprit ; à étudier la question de la vie après la mort.

Ce courant a réuni des intellectuels, des philosophes, des savants (et des voyants bien sûrs) ; en clair : presque que des hommes lettrés et de grande instruction qui ont pris ce sujet très à cœur et l’ont étudié de fond en comble. S’ils ont relevé quelques supercheries parmi leurs contemporains, ils ont aussi listé des phénomènes particulièrement troublants, de télépathie, télékinésie, clairvoyance, clairaudiance et médiumnité pure réalisés sous contrôle scientifique strict et en présence de témoins. De nombreux ouvrages ont été édités à ce sujet, et même si beaucoup ont été perdus certains sont encore trouvables.

La voyance aujourd’hui

VoyanceAu XXe siècle, la voyance prend un aspect plutôt ludique. On y croit sans trop y croire. Madame Soleil passe à la radio ; on peut retrouver l’inévitable page d’horoscope dans les journaux ; la voyance divertit et amuse 2 minutes mais on ne s’y intéresse plus trop. C’est les Trente glorieuses.

La figure de la voyante, alors, est celle qu’on retrouve dans Fanfan la Tulipe : une bohémienne charmeuse et folklorique qui lit l’avenir dans la main ou dans les cartes. Cette image imprègne encore beaucoup notre imaginaire, mais récemment, elle tend à évoluer. Une nouvelle génération de voyantes arrive.

Ne dites plus « sorcière », ne dites plus « voyante », ne dite plus « astrologue », dites « witch »

Le mélange réseaux sociaux, anglicismes américains et voyance donne une nouvelle vague de professionnelles versées dans les arts divinatoires, qui en parlent, le font buzzer, se créent des communautés, vendent leurs produits et leurs prestations de divination en ligne.

La spiritualité intrinsèque à la voyance est toujours là ; bien qu’il faille mieux la chercher. On se découvre à travers l’astrologie, on essaye de comprendre son destin à travers la divination, on essaye de retrouver trace de ses vies antérieures pour savoir quel est son « bagage karmique » et ainsi savoir où l’on doit aller, on essaye de reprendre en main son destin en l’anticipant grâce à un tirage de cartes. Parce que la voyance, en fin de compte, c’est une quête d’explication, une quête de soi-même, une quête de sens.

Or, notre époque manque cruellement de sens. Et la voyance vient combler ce vide.

Avec un futur qui donne de moins en moins à espérer, avec un monde qui donne l’impression (trompeuse) de ne plus rien avoir à découvrir, avec un internet qui connecte tout le monde à tout le monde mais où chacun reste seul dans sa chambre ou son bureau, la voyance offre cette part de réenchantement et de magie dont nous avons bien besoin. Comme toutes les pratiques sociales et spirituelles, elle n’est ni bonne ni mauvaise en soi, c’est uniquement ce qu’on en fait qui détermine sa qualité.

Conclusion

On pourrait aller encore plus loin que le seul sujet de la voyance, en constatant une volonté de plus en plus prégnante de la jeunesse de se reconnecter à la terre, à la matière, aux sens.

Après l’extrême matérialisme, on veut retrouver une forme d’équilibre entre la nourriture physique et la nourriture spirituelle. Le XXIe siècle semble s’inscrire dans cette tendance.

On voit beaucoup ces têtes penchées et ces cous cassés sur les smartphones ; on ne devrait pas oublier de regarder ces jeunes femmes et ces jeunes hommes qui cherchent, étudient, lient, et trouvent parfois.

Et la voyance, en fin de compte, ne nous fait-elle pas lever la tête vers les étoiles ?

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